Qu'est-ce l’hypnose
Hypnos en grec signifie sommeil. lorsque l’hypnose est réalisée la conscience claire et distincte est mise en veilleuse (que l’on peut appeler aussi conscience consciente ou esprit conscient) au profit de l’éveil d’une conscience inconsciente.
La conscience est dite consciente (conscious awareness) dans la mesure où elle est restreinte, car elle ne peut porter son attention qu’à un nombre limité d’éléments.
La conscience est dite inconsciente (unconscious awareness) dans la mesure où elle supporte la totalité des souvenirs, des perceptions des sens externes et internes, des résultats et des possibilités d’apprentissage. Ces éléments sont trop nombreux – ils sont infinis – pour être distingués par la conscience consciente : elle s’en trouve donc obscurcie. La conscience inconsciente qui supporte ce grand nombre peut être identifiée à la totalité de la personne incarnée, donc au corps vivant en tant qu’il est esprit. Cette conscience inconsciente pourrait tout aussi bien être appelée vigilance généralisée.
Entre vigilance restreinte et vigilance généralisée, il existe tous les degrés possibles de vigilance. Ce qui pourrait faire comprendre que l’on définisse l’hypnose comme un état modifié de conscience.
L’induction de l’hypnose est le passage de la vigilance restreinte à la vigilance généralisée. Ce passage qui est toujours le fruit d’un accord ou d’une décision du patient, est favorisé par diverses techniques (fixation du regard, attention portée aux différentes parties du corps, confusion, etc.) et par l’état de vigilance généralisée dans lequel se trouve le thérapeute. C’est par ces techniques et par cet état que le thérapeute peut être dit : user de suggestion. Le pouvoir du thérapeute a donc pour fondation la largeur et l’intensité de sa veille généralisée. Là où les modifications opérées par l’exercice de l’hypnose peuvent être comprises comme la transformation de la rigidité des habitudes, enregistrées par l’esprit conscient, en souplesse et fluidité grâce à l’expérience de la complexité et de la force de la vigilance généralisée.
L’esprit inconscient met à la disposition du patient les nouvelles possibilités et capacités qui vont lui permettre de changer.
Dans cette perspective, il est facile d’admettre que l’hypnose puisse être considérée comme thérapeutique. Elle est en effet capable de guérir certains troubles ou comportements nocifs (contrôle de la douleur, addictions, difficultés alimentaires, dysfonctionnements psychiques ou psycho-somatiques). Quelqu’un, par exemple, voudrait bien ne plus fumer. Son passage par la vigilance généralisée lui permettra d’une part de mesurer et d’approfondir le degré de sa détermination, d’autre part de prendre appui sur des forces et des intérêts nouveaux qu’il ne soupçonnait pas et qui rendent dérisoire en comparaison le plaisir de la cigarette. L’hypnose guérit alors parce que, modifiant le contexte d’une habitude, elle en détruit le ressort.
L’hypnose est aussi médicale, au sens traditionnel du terme, car elle est une manière privilégiée de développer certains aspects de cette pratique : la présence du thérapeute, son attention au patient, l’échange entre patient et thérapeute. On sait que ces traits constituent le premier remède et rendent possible l’efficacité des autres remèdes.
Même si les mécanismes de l'hypnose restent inexpliqués. son efficacité est aujourd'hui largement démontrée. Ce qu'il faut savoir sur cette technique ancienne dont on redécouvre l'intérêt majeur dans l'auto-guérison et l'établissement d'un lien entre le corps et l’esprit.
Les principales questions sur l’hypnose
Dans ce climat de grande méfiance envers les gros laboratoires pharmaceutiques qui prônent le tout médicament, depuis quelques années, nous assistons au grand retour des médecines douces et thérapies dites parallèles comme l’hypnose cette technique thérapeutique plus que centenaire a le vent en poupe et engendre la multiplication des livres chez les éditeurs, des forums sur Internet, et autres conférences… Les possibilités multiples de l’hypnose sont redécouvertes, tant par les thérapeutes, les psychologues et les médecins, que par le public ; et sa réputation auparavant sulfureuse était en train de s’estomper. Voici en quelques questions-réponses, l’essentiel de cette pratique qui semble mettre en jeu les capacités les plus étranges de notre cerveau.
Qu’est-ce que l’hypnose ?
Chaque spécialiste a sa propre définition et aucune théorie ne fait autorité. Le phénomène hypnotique est si complexe que les praticiens disent volontiers qu’il y a, non pas une, mais plusieurs hypnoses. Une seule certitude : ce n’est pas un état de sommeil, mais un état modifié de conscience (EMC), comme le rêve, la transe, la relaxation, les expériences mystiques, la méditation…
L'état de transe hypnotique correspond à la modification de la vigilance normale qui nous permet habituellement de raisonner et de vivre au quotidien. Cette état dispose de caractéristiques particulière où dans un environnement monotone où rien ne se passe, où les stimuli sont peu intenses, notre cerveau se retrouve en manque d’informations. Il se met alors à en produire lui-même en puisant des images dans son inconscient. C'est un état de rêve tout en restant conscient. Contrairement à l’état de vigilance normale, où l’attention embrasse de nombreux centres d’intérêt en même temps et passe rapidement de l’un à l’autre, elle est concentrée, sous hypnose, sur un sujet beaucoup plus restreint. C’est ainsi que, progressivement, la personne hypnotisée oublie la réalité extérieure pour entrer dans une réalité intérieure générée par l'inconscient, mais qu’elle vivra comme extérieure.
La voix de l’hypnotiseur continue d’être entendue, ses mots génèrent un stimulus très particulier qui augmente le pouvoir de la suggestion. Celle-ci provoque alors des changements psychologiques ou physiologiques inhabituels (disparition immédiate de douleurs aiguës ou d’un eczéma, etc.). Pourquoi ? Comment ? Cela reste encore à ce jour un mystère.
Est-elle été prouvée scientifiquement ?
Ses effets, oui. De nombreuses études ont montré qu’une suggestion hypnotique entraîne des réponses neuronales. Exemple : L'étude clinique menée en 1997 par le Pr Stephen Kosslyn, du département de neurologie du Massachusetts General Hospital de Boston : qui a présenté à un groupe de seize personnes une palette de couleurs échelonnées et une palette de dégradés de gris. Les réactions de leur cerveau étaient enregistrées par un tomographie à émission de positrons. Lorsque, sous hypnose, on demandait à chacune de ces personnes de voir en couleurs la palette de gris, c’était l’aire occipito-pariétale, l’une des zones de reconnaissance des couleurs, qui était activée > le cerveau avait donc réagi comme s’il voyait de la couleur à la place du gris, ce que demandait la suggestion.
Comment se passe une séance ?
Dormez, je le veux ! Cette formule légendaire est réservée au spectacle… Pratiquée par un hypnopraticien, l’hypnose est déclenchée de manière progressive. Une séance dure environ 45 minutes. Allongé sur un divan, le sujet ferme les yeux ou fixe un point précis dans la pièce. Assis sur une chaise à côté de lui, le thérapeute l’invite à se détendre. C’est la phase de pré-induction. Certains professionnels utilisent un équipement sonore qui diffuse une musique apaisante, et parlent dans un micro d’une voix douce et monocorde. Ils proposent au sujet de se concentrer sur certaines zones du corps : c’est la phase d’induction, qui lui permet de fixer son attention sur lui-même. Une somnolence peut s’installer.
Le praticien vérifie l’état de la personne en lui demandant de lever une main ou de croiser les doigts. Si elle répond à la demande, c’est qu’elle se trouve bien en état d’hypnose. Ensuite, le praticien répète des suggestions, directes (Votre douleur au bras disparaît) ou indirectes (Vous êtes dans un endroit agréable).
A la fin de la séance, le sujet se réveille en douceur au terme d’un compte à rebours, pour retrouver le contrôle de ses muscles et revenir à la réalité sans sensation de malaise. Puis, patient et praticien commentent la séance.
Exemple : un homme vivant mal l’approche de la retraite a retrouvé sous hypnose le souvenir d’autres changements (entrée à l’école primaire ou secondaire, à l’université, mariage, enfants, etc.). Avec le hypnopraticien, il va analyser ses résistances, mais aussi les bénéfices de ces changements pour construire un « scénario idéal » qui lui permettra d’effectuer une transformation intérieure positive.
Quelles sont les différentes techniques d’hypnose ?
On distingue quatre catégories :
Tout le monde est-il hypnotisable ?
Selon l’échelle de suggestibilité hypnotique mise au point par l’université de Stamford, 95 % d’entre nous sont hypnotisables dont 10 % en état d’hypnose profonde, suels 5 % des patients sont réfractaires et on ignore encore pourquoi : il n’a été vérifié à ce jour, aucune corrélation entre la structure de la personnalité et la suggestibilité.
Quels sont les effets et remèdes ?
En France, plus d’un millier de praticiens ont recours à l’hypnose. Dans certains cas, elle constitue l'intervention elle-même, dans d’autres, elle facilite l’action d'un médecin.
C'est efficace pour :
C'est inefficace pour :
Tout le monde est-il capable d'hypnotiser ?
Oui. A condition d'être formé aux différentes techniques. Certains hypnotiseurs sont plus doués que d’autres... Pour devenir un hypnopraticien sérieux, il faut avoir fait des études, c’est-à-dire être déjà un professionnel à l'écoute. Une formation en hypnose peut être suivie grâce aux cursus proposés par les associations représentant les diverses écoles.
Peut-on s'hypnotiser soi-même ?
Oui. En fait, les professionnels affirment aujourd’hui que toute hypnose est une auto-hypnose, le véritable pouvoir de transformation ou de guérison se trouvant dans l’esprit de la personne hypnotisée, et non dans celui de l’hypnotiseur. Il est donc tout à fait possible de s’auto-hypnotiser, mais ce n’est pas un exercice facile. Des guides pratiques et des cassettes audio pourront vous y aider. Dans un premier temps, le plus important est de mettre au point un rituel qui va amorcer le processus d’induction (séance tous les jours à la même heure, au même endroit, avec le même type de vêtements, etc.) ; ensuite, d’apprendre à se relaxer. Vous pouvez aussi enregistrer vos propres messages.
Le praticien influence-t-il le patient ?
Cette question est au centre de débats passionnés. Depuis quelques années, devant l’augmentation faramineuse de cas d’incestes découverts sous hypnose aux Etats-Unis, les spécialistes commencent à parler de syndrome des faux souvenirs, mettant en cause le rôle de l’hypnotiseur. Qu’en est-il ? En état hypnotique, on peut se souvenir d’authentiques événements oubliés ou refoulés. On peut aussi, en hypnose profonde, voir apparaître des fantasmes comme s’il s’agissait d’événements réels : leur véracité est telle qu’on ne peut les distinguer de vrais souvenirs, car notre cerveau a la possibilité de modifier ou de reconstruire un événement.
Il n’y a donc, à ce jour, aucune réponse définitive ni sur la réalité des souvenirs d’abus sexuels, de vies antérieures, ou d’enlèvements extraterrestres découverts sous hypnose profonde, ni sur l’influence de l’hypnotiseur par un phénomène de transmission d’inconscient à inconscient, voire télépathique…
Peut-il se produire des accidents ?
Non. On se réveille toujours quoi qu’il arrive. D’abord parce qu’on ne dort pas ! Ensuite parce que, si aucune suggestion ne l’entretient, le fonctionnement hypnotique se dissipe de lui-même. Quant à la prétendue influence négative de certains hypnotiseurs, entretenue par le cinéma, elle relève de la légende : aucun hypnotiseur ne peut vous forcer à faire quelque chose qui va à l’encontre de vos valeurs morales. L’hypnose n’est pas un lavage de cerveau ! On ne révèle pas ses secrets les plus intimes si on ne le désire pas… Toutefois, pour éviter les charlatans, adressez-vous à l’une des associations reconnues officiellement pour choisir votre hypnotiseur.
L’hypnose peut-elle soigner les maladies chroniques ?
Certaines oui. Les acouphènes, par exemple, des bourdonnements d’oreille contre lesquels la médecine reste impuissante. Grâce à l’hypnose, il est possible de les effacer dans 60 % des cas, car une suggestion peut modifier l’activité des commandes neurobiologiques responsables du fonctionnement de nos organes. Si vous décidez, par exemple, en auto-hypnose, d’augmenter la circulation du sang dans votre pied gauche, les vaisseaux sanguins vont se vasodilater sous l’effet d’une transduction (une transmission de l’information aux cellules). L’hypnose permet, c’est certain, d’installer une passerelle entre le corps et l’esprit, et d’activer nos mécanismes d’autoguérison.
Dr Gérard Arcas, médecin et chirurgien ORL, auteur de Guérir le corps par l’hypnose et l’auto-hypnose (Ed. Sand).
Pourquoi l'hypnose est si efficace sur le stress ?
La gestion du stress est l’une des applications les plus demandées, avec l’anti-tabac et l’amaigrissement. On le sait, le stress peut engendrer de l’anxiété, des insomnies, ainsi que des états dépressifs accompagnés de troubles somatiques. L’hypnose est beaucoup plus efficace que d’autres techniques (comme la relaxation simple), d’abord parce que son effet relaxant renforcé par la voix et la présence rassurante de l’hypnotiseur, diminue très rapidement l’impact des agents stressants, quelle qu’en soit l’origine. Ensuite parce qu’elle permet au sujet en état hypnotique de lever lui-même ses inhibitions. Par exemple, une jeune femme tétanisée à l’approche d’un entretien d’embauche important et n’en dormant plus, alors qu’elle savait avoir toutes les chances d’obtenir le poste, a revécu en hypnose un précédent entretien où elle avait triché sur son CV et avait été découverte… Après avoir ensemble évalué sa peur, et trouvé son seuil adéquat de stimulation/excitation de bon stress, elle pourras reconsidérer ce nouvel entretien d'embauche à venir comme un rite de passage, et non comme un jugement final.
Nathalie DEFAZIO
Maître Hypnopraticienne